La santé des médecins

Rencontre avec deux sherpas de l’aide aux confrères en détresse

Publié le 19/05/2014
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Crédit photo : SEBASTIEN TOUBON

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Crédit photo : SEBASTIEN TOUBON

L’une est basée à l’est et l’autre à l’ouest. Elles œuvrent selon des modalités différentes – l’une soigne et l’autre non – mais toutes deux ont le même objectif : être au service des confrères en difficulté.

L’ASRA : l’association d’aide aux soignants implantée dans la région Rhône-Alpes

Le Dr Michel Evreux, président d’ASRA (Aide aux Soignants de Rhône Alpes), présente ainsi son organisation : « Il s’agit d’une association qui ne dispense aucune activité de soins et qui a pu mobiliser des médecins qui s’engagent à être à l’écoute de leurs confrères en difficulté avec une assurance de confidentialité totale. Le réseau ASRA est à la disposition gratuitement des 25 000 médecins de la région Rhône-Alpes. 38 confrères de soutien bénévoles, volontaires et formés à l’écoute assurent une astreinte téléphonique 24 heures sur 24 7 jours sur 7 par le biais d’un serveur vocal. Ils peuvent orienter les médecins appelants vers 49 personnes ressources de l’association : psychiatres, psychologues, addictologues, conseillers juridiques et fiscaux, avocats, médecins du travail, entraide ordinale, mutuelle, CARMF, AFEM… L’ASRA dispose aussi de lieux d’hospitalisation dédiés pour les médecins qui en auraient besoin. »

Aux médecins, l’association du Dr Evreux fait cette proposition : « Se reconnaître comme vulnérables et être conscients de leurs souffrances individuelles. C’est grâce à cette prise de conscience qu’ils seront capables de trouver des solutions en identifiant les facteurs de risque de burn out et en agissant sur eux : organisation du temps et des tâches, préciser les objectifs… Cette approche permet aussi de canaliser les émotions, pratiquer l’empathie, partager les décisions en favorisant les formations et les délégations de tâches. Par le repos physique et intellectuel, le rétablissement de l’équilibre familial et grâce au soutien personnalisé de l’association, nos confrères peuvent reprendre pied après une période difficile. »

En moyenne l’association reçoit 5 à 10 appels chaque mois soit 200 depuis la mise en place du service en 2012. 60 % des appelants sont des femmes et 10 % d’entre elles sont des conjointes de médecins. L’âge moyen des appelants est de 53 ans. Un appelant sur trois travaille dans le milieu hospitalier. Parmi les libéraux, 45 % sont des spécialistes en médecine générale, 32 % des spécialistes, 9 % des médecins du travail et 7 % des retraités.

Interrogé sur les motifs de recours les plus fréquents des médecins, le Dr Michel Evreux explique : « L’épuisement professionnel vient en tête (34 %), puis les situations conflictuelles (18 %), les problèmes psychiatriques (15 %), les difficultés financières (11 %), les besoins d’échanges verbaux (7 %), les addictions (3 %) et la grande dépendance (3 %). » Il ajoute qu’en grande majorité, les médecins sont orientés vers des psychiatres (36 %), les commissions d’entraide de l’Ordre (29 %), les médecins traitants (16 %), les avocats (7 %), les assurances (6 %), les référents addictologues (3 %), les référents fiscalistes (2 %) et les médecins du travail(1 %).

APSS : l’association pour les soins aux soignants

Depuis 2009 et à l’initiative du Dr Jean-Marie Colson, l’APSS propose aux soignants en difficulté 40 lits d’hospitalisation répartis sur tout le territoire ainsi que des consultations de médecins formés spécifiquement aux soins aux soignants.

« Le soignant malade est un patient difficile qui fuit la réalité et rechigne à être pris en charge par un confrère, explique au « Quotidien » le Dr Colson. Pourtant, ces professionnels sont particulièrement concernés par les problèmes d’épuisement, d’addiction et de dépression. »

L’association APSS a été créée avec la collaboration du fonds d’action sociale de la CARMF et de la commission d’entraide de l’Ordre des Médecins. Les objectifs affichés dès sa création comportaient à la fois des missions d’information dans les pays qui disposent de service de soins spécifiques aux médecins (Espagne, Canada, Grande-Bretagne), des soins de prévention, une prise en charge psycho-addictive et des soins en hospitalisation pour les confrères les plus en détresse.

Grâce à des formations spécifiques des référents dans la prise en charge des soignants, l’APSS est garante d’une qualité des soins adaptée et d’une confidentialité totale. « Nous imaginons même à l’avenir proposer un contrat thérapeutique avec les médecins en souffrance afin d’engager plus encore l’association dans l’obligation de moyens de traitement qu’elle s’est fixée », continue Jean-Marie Colson.

En pratique, lorsqu’un médecin contacte l’APSS par téléphone, ou lorsque le réseau des médecins formés repère un confrère en difficulté, une évaluation des soins à proposer est réalisée. Si une hospitalisation est nécessaire, une place peut être proposée dans l’un des établissements privés qui a signé une convention avec l’APSS. En moyenne les hospitalisations durent 3 semaines et près de 10 médecins bénéficient chaque année de ce dispositif.

Réseau ASRA, Aide aux Soignants de Rhône-Alpes, 0 805 62 01 33

Les membres fondateurs du Réseau ASRA sont les conseils départementaux de l’Ordre des médecins de l’Ain, l’Ardèche, la Drôme, l’Isère, la Loire, le Rhône, la Savoie et la Haute Savoie ainsi que le Conseil Régional de l’Ordre et l’Union des professionnels de santé. Les partenaires institutionnels sont les mutuelles dont le Groupe Pasteur Mutualité, la CARMF-FAS, les Commissions d’entraide des Ordres, l’ARS et l’AFEM-AMVARA.

APSS, Association Pour les Soins aux Soignants : 0 810 00 33 33

Dr I. C.

Source : Le Quotidien du Médecin: 9328
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